Le Conseil fédéral a approuvé en décembre dernier le rapport « Stratégie d’avenir pour le couplage chaleur-force » (CCF). Ce rapport arrive à la conclusion que les installations CCF peuvent contribuer à assurer l’approvisionnement électrique durant le semestre d’hiver. D’un point de vue énergétique et économique, il serait cependant inutile de recourir aux installations CCF uniquement pour quelques heures dans le but couvrir les charges de pointe durant le semestre d’hiver sans exploiter les rejets de chaleur.
Texte : SERVICE DE PRESSE/RÉDACTION
Les installations CCF exploitées en mode « chaleur » et fonctionnant avec des combustibles de sources renouvelables ou climatiquement neutres peuvent fournir une contribution complémentaire pour ce qui est d’assurer l’approvisionnement électrique durant le semestre d’hiver. Elles peuvent remplacer ou compléter les chaudières destinées à couvrir les charges de pointe dans les réseaux de chaleur et ainsi couvrir les pics de demande en chaleur. Intégrées à un système de chauffage avec comme source primaire une énergie renouvelable, elles réduisent en outre la demande en électricité pendant les froides journées d’hiver en limitant l’usage des pompes à chaleur. C’est ce que conclut le rapport approuvé début décembre 2022 ; ce dernier permet au Conseil fédéral de répondre au postulat 20.3000 de la Commission de l’environnement, de l’aménagement du territoire et de l’énergie du Conseil national.Uniquement utile si la chaleur et l’électricité sont utiliséesLe rapport précise toutefois qu’il ne serait pas pertinent d’utiliser les installations CCF comme des centrales de réserve, c’est-à-dire uniquement pour couvrir les charges de pointe durant le semestre d’hiver. La chaleur produite durant l’exploitation ne pourrait être utilisée qu’en partie, ce qui serait inefficace et onéreux, car pour des raisons liées à la politique climatique, ces installations devraient obligatoirement fonctionner avec des combustibles de source renouvelable ou neutre sur le plan climatique. Comme le fort développement du photovoltaïque et de la production hydroélectrique entraîne des parts de production estivales élevées, les installations de production flexibles destinées à intégrer de grandes quantités d’énergies renouvelables dans le système électrique et à fournir de l’électricité en hiver deviennent plus importantes – y compris les installations CCF, dans la mesure où la chaleur peut être utilisée simultanément ou stockée temporairement. Dans le cas d’une exploitation gérée par la chaleur, la production d’électricité se concentre sur le semestre d’hiver en raison des besoins plus élevés en chaleur ambiante. Les accumulateurs hydroélectriques peuvent ainsi être préservés. Selon le rapport, il n’est pas judicieux, pour des raisons d’efficacité énergétique et de coûts, d’exploiter de telles installations de CCF avec de l’hydrogène ou du méthane synthétique. Il serait plus judicieux d’utiliser de la biomasse indigène comme le bois. Les domaines d’application futurs des technologies de cogénération sont multiples :Les usines d’incinération des ordures ménagères fonctionnent toute l’année et produisent de l’électricité en ruban. Dans les réseaux de chaleur, les installations CCF combinées à d’autres sources de chaleur permettent de couvrir la charge de pointe en cas de forte demande de chaleur et d’injecter de l’électricité dans le réseau.Les centrales de chauffage au bois raccordées à un réseau de chaleur fonctionnent principalement en mode de charge en ruban en hiver et peuvent ainsi produire simultanément de l’électricité et de la chaleur.Les centrales de cogénération couplées à une installation de biogaz peuvent produire de l’électricité en fonction de la demande à des moments où les prix de l’électricité sont élevés et fournir de l’énergie de régulation.L’encouragement pourrait coûter plus cherEn réponse au postulat, le rapport explique en outre comment encourager les installations CCF. Celles-ci pourraient être encouragées au moyen de contributions d’investissement d’un montant maximal de 60 % des coûts d’investissement imputables. Pour un développement annuel maximal de 50 MW de puissance électrique, le financement devrait être compris entre 50 et 100 millions de francs par an sur la base des premières estimations. Sur dix ans (2025-2035), cela représenterait un montant total maximal d’environ 500 à 1000 millions de francs. Il convient de souligner que les contributions d’investissement ne couvrent qu’une partie des coûts du capital mais aucunement les coûts des combustibles, très élevés pour les installations CCF, contrairement aux installations de production électrique renouvelables, telles que l’hydraulique, le solaire ou l’éolien. Suite aux débats relatifs à la loi sur le CO2 révisée, qui avait été refusée par le peuple suisse en 2021, le Parlement avait renoncé à d’autres mesures visant à encourager le CCF. Par ailleurs, en septembre 2022, durant les débats portant sur la loi fédérale relative à un approvisionnement en électricité sûr reposant sur des énergies renouvelables, le Conseil des Etats avait refusé un encouragement destiné aux installations CCF partiellement alimentées avec des combustibles fossiles.
https://www.parlament.ch/centers/eparl/curia/2020/20203000/Bericht%20BR%20D.pdf